Le meilleur antidote au stress ? Vous.

On sait de lui qu’il bloque les énergies positives. Qu’il nous rend tristes, agressifs et malades.  Le stress est un fléau de notre société. Et si la solution pour le maîtriser était de mieux nous observer ? L’éclairage de Dominique Servant, responsable de l’unité spécialisée dans le stress et l’anxiété au centre hospitalier universitaire de Lille et auteur de nombreux ouvrages sur le stress*.

Les manifestations qui doivent vous alerter

Dominique Servant

« Les manifestations physiques comme les tensions musculaires, la fatigue, les maux de tête, des douleurs digestives, cardiaques, mais aussi les manifestations comportementales comme l’agressivité, un repli sur soi ou une hyper-émotivité. Ces réactions peuvent apparaître à tout moment chez la personne stressée, même le week-end. Elles sont variables et dépendent aussi du niveau de stress, s’il est lié aux contrariétés du quotidien ou à des circonstances plus graves comme une rupture ou des problèmes professionnels. Mais une chose est sûre, aucun stress n’est anodin. »

Des conséquences parfois désastreuses

« Le stress peut engendrer des réactions disproportionnées et inadaptées par rapport aux situations rencontrées. Mais aussi des problèmes relationnels dans son couple, sa famille, au travail. Plus gravement, on observe des burn out, c’est-à-dire des syndromes d’épuisement professionnel dont il est difficile de se remettre. Le stress fait aussi des ravages sur la santé. En plus d’être la cause de certains maux comme des problèmes cardiaques, il crée une fragilité biologique qui peut être dramatique en cas de maladie grave. Notre société ne nous autorise plus à vivre sans stress. Il est donc impératif, pour préserver son équilibre, de s’adapter et de ne pas se laisser dépasser. D’où l’importance de réagir dès les premiers signes. »

La solution ? Prendre conscience de son état

« L’auto-diagnostic est un bon moyen d’agir. Si les maux de tête se multiplient, si le rythme cardiaque s’accélère, si des tensions persistent, si le moral reste en berne… il faut se poser des questions. Cette prise de conscience permettra à chacun de réfléchir à ses comportements et automatismes pour les modifier mais aussi d’identifier les situations stressantes pour s’en protéger le mieux possible. Il faut apprendre à se mettre à distance. Ensuite, si les choses ne s’améliorent pas, le médecin est là pour accompagner. Mais dans de nombreux cas, on peut agir seul. »

Soigner les effets durables du stress. Une démarche de longue haleine

« Dans des complications comme des burn out ou une dépression, la marche arrière n’est pas toujours possible. Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour revenir en arrière. La démarche est demande du temps et de l’investissement, surtout quand les conditions stressantes perdurent. Le stress sur le long terme fait apparaître des résistances comportementales qu’il est difficile de faire évoluer. Et c’est bien là tout le problème car chacun gère différemment les émotions et pour certaines personnes, des manifestations de stress peuvent être confondues avec un « tempérament ». Quelqu’un qui a un fort caractère ou qui est hyperactif ne sentira pas toujours qu’il a franchi la limite. Réfléchir à son stress nécessite donc un travail d’évaluation et d’observation de soi. S’il n’est pas facile, il est en tout cas particulièrement bénéfique. »

* Soigner le stress et l’anxiété par soi-même et Ne plus craquer au travail (éditions Odile Jacob).