5 questions à Franz Liskowitch, sportif français le plus titré en marche nordique

S’il est un spécialiste de la marche nordique en France, c’est bien Franz Liskowitch. Avec une vingtaine de titres glanés dont 15 victoires en Coupe de France, le numéro un Français pendant 3 saisons consécutives (de 2016 à 2018) a contribué à populariser la pratique de la marche nordique en compétition dans l’hexagone. Cet immense champion a accepté de répondre à nos questions. 

Alptis : Vous êtes aujourd’hui une référence de la marche nordique alors que vous avez débuté par la course de fond. Pouvez-vous retracer votre parcours et nous dire comment vous en êtes arrivé là ? 

Franz Liskowitch : Plus jeune, j’ai fait beaucoup d’athlétisme : course de fond et de demi-fond sur 1 500 mètres et 10 km. En vivant dans les Alpes, je me suis ensuite spécialisé dans le vélo et notamment les courses de côtes en montagne. J’ai ensuite été sélectionné à deux reprises pour les championnats du monde de cyclisme sur route amateur (en Afrique du Sud et en Italie, ndlr). En parallèle, j’ai passé un diplôme d’accompagnateur en montagne et j’ai entendu parler de nouvelles activités proposées, en 2008, dont un module dédié à la marche nordique. Le concept m’a plu et j’ai donc fait une formation pour pouvoir l’enseigner. Et c’est en 2013, lorsque j’ai arrêté la compétition de cyclisme, que je me suis tourné vers la marche nordique dont l’organisation des compétitions venait d’être confiée à la FFA (Fédération Française d’Athlétisme, ndlr).

Franz Liskowitch le spécialiste de la marche nordique en France

 

Alptis : C’est aussi à partir de là que vous avez commencé à populariser cette discipline aux yeux du grand public…

F.L. : J’ai participé à mon premier championnat de France en 2015 et gagné mon premier titre de Champion de France en 2016. En général, les gens s’intéressent à un sport dès qu’il commence à y avoir un peu de niveau. Donc on peut dire que j’ai contribué à accroître la crédibilité de la marche nordique auprès du public, qui a pris conscience qu’il s’agissait d’un sport à part entière. Et comme dans tous les « nouveaux » sports, le niveau a rapidement explosé en 3/4 ans. Les moyennes augmentent chaque année sur les mêmes parcours et de plus en plus de sportifs aguerris s’y mettent. On peut donc dire que j’ai été l’une des locomotives dans la popularisation de la marche nordique compétition et j’en suis très fier.

Alptis : Malgré les efforts de la FFA et de ses représentants, la marche nordique reste un sport encore souvent boudé par les plus jeunes. Qu’en dites-vous ?

F.L. : J’ai moi-même eu une vision péjorative quand j’en ai entendu parler pour la première fois, je me suis dit : « qu’est-ce que c’est que ce truc encore ? ». Et c’est en pratiquant l’activité que j’ai été bluffé : je me suis rendu compte de l’aspect athlétique et surtout des multitudes de déclinaisons possibles de cette activité, bien au-delà des préjugés. Ce qui est certain, c’est que la marche nordique a l’avantage de permettre par exemple à des gens qui ne peuvent plus courir d’avoir une activité qui préserve leur corps. Quand l’équilibre corps/bâtons est harmonieux, c’est sans doute l’un des sports les moins traumatisants et l’un des plus complets à la fois.

Alptis : C’est donc une activité que vous recommanderiez à tous les sportifs, amateurs ou pros ? 

F.L. : Absolument ! La marche nordique offre un excellent socle de préparation pour les sportifs de haut niveau de par son caractère complet. On travaille le haut du corps, les abdos, les jambes, les fessiers… La grande majorité des muscles sont mis à contribution. Il ne faut pas oublier que la discipline a pour origine les fondeurs finlandais de haut niveau qui la pratiquaient avec les bâtons durant l’été. Au niveau amateur, la marche nordique épargne les articulations tout en faisant travailler les zones clés du corps. Elle s’adapte donc aux personnes les plus fragiles, mais aussi aux plus jeunes qui souhaitent pratiquer un sport sans trop abîmer leur corps pour l’avenir.

Alptis : Selon vous qui arpentez bien des parcours depuis plus de 6 ans, quels sont les principaux bienfaits de la marche nordique pour le corps et l’esprit ?

F.L. : L’essentiel à mes yeux est que ce sport se pratique en outdoor. C’est primordial car ça permet de pouvoir explorer tous les circuits et toute la beauté qu’on peut trouver partout dans notre pays. Pour ma part, je m’entraine beaucoup autour de chez moi à la Motte-Servolex, en Savoie, et je découvre toujours de nouveaux paysages. Quand on pratique la marche nordique, on éprouve une sensation de liberté et de bien-être décuplé. On prend du plaisir à le faire en solitaire ou en équipe pour découvrir de nouveaux circuits, la dimension psychologique est énorme. D’un point de vue physique, les bâtons permettent d’avoir des appuis, ce qui privilégie toutes les articulations. La dépense énergétique est similaire à celle de la marche à pied alors que le sport est bien moins traumatisant pour le corps du fait du mouvement qui est bien plus lisse. La marche nordique est ancrée en moi bien au-delà de la performance, donc je continuerai à en faire toute ma vie… en tout cas tant que je le pourrai !