Maxime Velay, ostéopathe : « La marche nordique contribue au bon fonctionnement de la machine corporelle »

Alptis : On dit souvent que la marche nordique est un sport peu traumatisant pour le corps, alors même qu’elle active un grand nombre de groupes musculaires. Quelles différences fondamentales y a-t-il, d’un point de vue physique entre la marche nordique et la course à pied par exemple ?

Maxime Velay : De par la réception au sol à chaque foulée, la course à pied vient mettre davantage en compression les articulations des membres inférieurs et elle peut déclencher par exemple des douleurs sur un genou qui aurait été déjà lésé par le passé. C’est pourquoi on rencontre très souvent des patients qui se plaignent d’oligoarthrite (NDLR : inflammation affectant deux à trois articulations), de douleurs sur un muscle ou sur un tendon quand ils pratiquent la course à pied. À l’inverse, la marche nordique ne reproduit pas cet effet de retour de force car il n’y a pas ce phénomène de petits sauts, et en ce sens, elle peut limiter l’apparition d’une douleur.

Alptis : Doit-on donc comprendre que la marche nordique est le sport parfait lorsqu’on souhaite reprendre une activité physique ou épargner son corps ?

M.V. : Oui, on peut dire ça, en effet. De nombreuses personnes qui veulent se remettre au sport commencent par la course à pied. Or, souvent, elles n’ont pas la bonne pratique, les bons gestes ou les bonnes chaussures et, dans le cas de la participation à une course, on en voit beaucoup qui ont l’objectif de finir leur course quoi qu’il arrive. En voulant repousser leurs limites et sauter des étapes nécessaires, ces personnes fragilisent leur système musculo-squelettique et développent ensuite plus facilement des lésions tendineuses, musculaires voire même osseuses.

Alptis : En quoi la marche nordique permet-elle d’éviter de fragiliser le système musculo-tendineux des pratiquants ?

La marche nordique est une marche rapide, le coureur peut facilement doser son rythme sans se sentir dépassé par sa prise de vitesse. Le fait de solliciter les membres supérieurs et le tronc avec les bâtons permet également de répartir les points d’appuis au sol et ainsi d’équilibrer plus facilement la posture. Les muscles profonds, très toniques pour la posture, sont sollicités. Cette synchronisation des chaînes musculaires, avec l’utilisation en couple des membres inférieurs et supérieurs, permet un bon équilibre dans la dynamique.

Alptis : Peut-on dire que les risques de blessures sont moindres lorsqu’on pratique la marche nordique ou y a-t-il tout de même des précautions à prendre avant de se lancer ?

M.V. : De par son histoire, la marche nordique est très pratiquée dans les pays nordiques et les gens qui l’exercent sont souvent en très bonne santé. On peut donc dire qu’elle contribue certainement au bon fonctionnement de la machine corporelle. Cependant, comme pour tout sport, la marche nordique nécessite, pour être bénéfique, d’être accompagnée d’un programme d’échauffements et d’étirements. Une bonne pratique est toujours le secret de la longévité et de la résistance du corps. Au-delà du cas de la marche nordique, en règle générale, il faut savoir trouver l’activité sportive qui vous convient, puis veiller à respecter un certain nombre de règles et de précautions pour avoir une pratique sans risque.