L’automédication pour devenir acteur de sa santé
Contestée par certains professionnels de la santé, l’automédication fait pourtant de plus en plus d’adeptes. En 2014, le marché a gagné 2,1 % en valeur et 0,8 % en volume par rapport à 2013*. Les Français se tournent de plus en plus vers ce qu’on appelle aussi le selfcare. Tour d’horizon avec le Professeur Jean-François Bergmann, qui est intervenu sur ce thème lors du Congrès Alptis de Bordeaux, le 10 octobre 2015.
Des patients responsables
« L’automédication est un état d’esprit. C’est une responsabilisation du malade qui, sans avoir besoin de professionnels de santé, sait faire une analyse du symptôme, un diagnostic et se prendre en charge de manière autonome. Le patient doit avoir recours à l’automédication, soit lorsque le diagnostic est déjà connu – un migraineux ayant déjà été soigné, saura par exemple quel traitement adopter –, soit lorsqu’il s’agit d’un trouble assez simple tel qu’une entorse bénigne ou une diarrhée. »
Les limites de l’automédication
« Il faut savoir écouter son corps et repérer les signes d’alarme et, en toute logique, éviter les cocktails médicamenteux. Il existe trois limites à l’automédication qui nécessitent de se tourner vers un médecin : si la situation est complexe et les symptômes atypiques, si les troubles persistent ou s’ils s’aggravent. Prenons par exemple le cas de l’intoxication alimentaire. Elle entraîne généralement des conséquences d’ordre digestif. L’apparition d’une fièvre est un mécanisme d’alarme indiquant qu’il s’agit d’une autre pathologie. L’avis d’un médecin est nécessaire. L’automédication ne doit être utilisée que pour de petits maux, de façon brève.Si les symptômes persistent, il faut consulter un professionnel. »
L’automédication pour tous
« Il n’y a pas de contre-indication pour les grands enfants ou les personnes âgées, par exemple. Avec la carte Vitale, tout l’historique médical peut être tracé. Si le patient a une pathologie non connue du pharmacien ou s’il a récupéré des médicaments dans sa pharmacie familiale, il doit communiquer ces informations au professionnel. Chacun doit être honnête envers l’autre. L’automédication est avant tout une affaire d’éducation. »
Internet : attention danger !
« Les ventes de médicaments sur internet sont extrêmement dangereuses ! On peut y trouver n’importe quoi, vendu par n’importe qui. Vous ne connaissez pas les composants, et comment savoir que les médicaments contenus à l’intérieur des boîtes sont bien ceux indiqués sur l’emballage ? Il s’agit d’ailleurs bien souvent de médicaments spéciaux comme le Viagra ou des brûleurs de graisse. Je déconseille vivement de passer par cet outil. Les conséquences sur la santé peuvent être extrêmement graves ! »
Les antibiotiques et l’automédication ?
« J’espère qu’un jour l’automédication pourra concerner également certains antibiotiques pour traiter par exemple la cystite à répétition de la femme jeune. Si on démontre qu’il n’y a pas d’abus, ni d’émergence de résistances bactériennes, comme c’est le cas aujourd’hui, alors ce sera quelque chose d’envisageable à condition qu’on l’encadre par des recommandations de bon usage. »
Automédication : risques et bénéfices
Retrouvez en vidéo, l’intégralité de la conférence-débat du Congrès de Bordeaux avec le Professeur Jean-François Bergmann, chef du service de Médecine Interne de l’Hôpital Lariboisière (Paris) et Charles Hedrich, aventurier de l’extrême.
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