« Se faire aider pour la toilette est une rupture »

Des mots pour comprendre : 3 questions à Victor Larger, docteur en philosophie, médecin gériatre et coauteur de l’ouvrage Le corps vécu, Chez la personne âgée et la personne handicapée, aux éditions Dunod (23€).

Effectuer la toilette d’un proche, est-ce un acte plus difficile à réaliser dans notre société que dans d’autres ?

En Afrique ou en Asie, le rapport au corps et à la nudité est moins compliqué que dans nos sociétés. La toilette est un acte très marqué culturellement. Avec l’avancée en âge et la nécessité de confier ce moment intime à d’autres que soi survient une rupture. Cet acte quotidien et personnel, devenu naturel à force d’éducation, ne l’est plus. Il demande de partager désormais une proximité qui peut être vécue par la personne aidée comme une
perte de dignité. Une nudité qui peut aussi s’imposer à l’autre comme une faiblesse, une blessure.

Conseillez-vous de le faire quand même ?

Il est difficile de répondre à cette question et les limites que l’on se fixe relèvent d’un choix personnel. Il n’est pas formellement déconseillé de le faire, mais il faut avoir conscience des difficultés que cela peut poser, tant pour l’aidant que pour la personne assistée. Un équilibre reste à trouver entre une familiarité et le respect. Prendre soin de quelqu’un de manière aussi intime demande une présence physique et une implication psychologique forte. Mais c’est aussi la possibilité donnée à un enfant ou à un conjoint de faire quelque chose de l’ordre de l’aide ultime : « ce que je peux faire de plus fort pour elle ou lui ».

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Cela veut donc dire que, parfois, ça se passe bien ?

Oui, bien sûr. Si, pour beaucoup, effectuer la toilette d’un proche peut être vécu comme une contrainte, un moment douloureux, j’ai aussi constaté que la toilette pouvait être perçue comme un apaisement dans des relations qui auraient pu être conflictuelles par le passé. Nos pratiques de pays riche nous permettent le plus souvent de confier la toilette d’un proche à d’autres, mais on peut aussi souhaiter s’en occuper, et le faire volontiers.


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