Vie sociale et dépendance

Le théâtre de comédie s’est beaucoup moqué de ces vieillards suspicieux, aigris, enfermés, comme si c’était un effet « normal » de l’âge. On sait aujourd’hui qu’avec une  meilleure vue et une audition corrigée l’ouverture sur les autres est fortement facilitée ! On sait aussi que les sautes d’humeur ou l’insensibilité affective peuvent être le signe d’une dépression larvée comme d’une maladie dégénérative débutante. À moins que, tout simplement, la vie sociale se réduise parce que les proches sont partis. Dans bien des cas, une intervention adaptée peut aider.

Sa vue est-elle bien corrigée ?

Le désintérêt soudain pour les sorties en ville ou dans la nature peut avoir pour raison principale des difficultés visuelles.

Les premiers signes de la dégénérescence maculaire :

Parmi les déficiences les plus répandues, la dégénérescence de la macula (DMLA) touche 25 % des personnes d’entre 70 et 80 ans. Elle entraîne une perte progressive de la vision  centrale, qui affecte la lecture, l’écriture et la reconnaissance des visages. Alors que la vision périphérique est bien conservée, les premiers signes sont :

  • baisse de l’acuité : il est de plus en plus difficile de percevoir les détails ;
  • diminution des contrastes : impression de manquer de lumière pour lire ;
  • déformation des lignes droites : elles paraissent déformées, courbes ou ondulées.

Vous pouvez insister sur le fait que :

  • la rééducation basse vision est réalisée dans des centres de rééducation, chez l’ophtalmologiste ou l’orthoptiste. On y apprend à orienter ses yeux pour compenser la perte de la vision centrale et à utiliser des loupes et des vidéo-agrandisseurs
  • les injections intraoculaires dans le blanc de l’œil traitent la maladie. Réalisées par un ophtalmologiste, elles ne sont pas plus douloureuses qu’une prise de sang.

Glaucome et cataracte :

Fréquent après 45 ans, le glaucome réduit progressivement le champ de vision et peut conduire à la cécité en l’absence de traitement. Il inquiète à tort, car les progrès ont été spectaculaires.

Vos arguments contre l’angoisse de consulter :

  • le traitement médicamenteux se présente sous la forme d’un simple collyre
  • l’opération au laser provoque au pire une petite irritation et se pratique sans hospitalisation.

La cataracte touche une personne sur cinq dès 65 ans, entraînant une opacification de la vue. Certaines plaintes sont très caractéristiques : « je vois des halos autour des phares de voiture, cela me gêne pour conduire », « je suis ébloui par le soleil ». Seule une intervention chirurgicale peut y remédier.

Votre meilleur argument pour dédramatiser l’opération :

Dans plus de 90 % des cas, des  améliorations visuelles sont constatées dès le lendemain de l’opération.

Est-ce qu’il entend correctement ?

65 % des plus de 70 ans auraient besoin d’une prothèse auditive, mais c’est aussi un « marqueur » du vieillissement, qui peut rebuter.  Vos explications et vos encouragements peuvent être décisifs.

Presbyacousie : « hein ? »

38 % des personnes qui consultent pour une perte auditive le font suite aux pressions de leurs proches.

Il ou elle ne tolère plus les cris d’enfants, n’entend plus les voix jeunes et féminines (surtout au téléphone) et  rien ne va plus lorsque tout le monde parle en même temps. Le plus grave est quand il s’habitue à ces effets du vieillissement auditif et s’isole au milieu  des autres, avec parfois une vraie dérive dépressive. Le parcours jusqu’à l’achat d’une prothèse est très balisé, médicalement et commercialement, mais ensuite il arrive que l’appareil reste… dans sa boîte.

Pour convaincre les récalcitrants :

  • Il faut trois à huit semaines pour s’habituer, pas moins.
  • Il est normal d’être gêné par les bruits au début. La prothèse n’exagère pas les sons parasites comme le disent certains (« Je suis abruti par les bruits de la rue, du train, les tic-tac, c’est insupportable ! »). En réalité, le cerveau a perdu l’habitude d’ignorer ce qui n’est pas important, mais peu à peu, s’il est  confronté régulièrement à un bain de sons, il réapprendra à faire le tri.
  • Si on ne met  l’appareil que de temps en temps, le cerveau ne peut pas s’entraîner. Et le port de la  prothèse continue d’être désagréable. Il faut de la constance pour sortir de ce cercle vicieux.

Dépendance et Vie Sociale

Insensibilité, humeur changeante, méchanceté, déprime : est-ce normal ?

44 % des personnes vivant seules sont âgées de 60 ans ou plus.

La perte d’autonomie, les deuils, l’isolement et la conscience de l’âge sont autant de facteurs qui ont des incidences évidentes sur l’humeur et la personnalité. Si certains ont la capacité de résister à cette évolution de leur existence, d’autres se renferment, deviennent maussades, voire agressifs. Rarement décelée par l’entourage, qui associe cet état au vieillissement, la souffrance psychique touche pourtant une personne âgée sur dix.

Ce qui doit alerter :

  • une perte de motivation pour les choses habituellement appréciées ;
  • une diminution des interactions avec les autres ;
  • des troubles du sommeil ou de l’appétit ;
  • une fatigue ou une tristesse qui n’ont pas d’explications ;
  • une diminution des performances intellectuelles ;
  • des comportements irritables, agressifs, violents.

La dépression provoque souvent des troubles de la mémoire ou des difficultés à s’exprimer très impressionnantes. Seuls de bons connaisseurs des pathologies de la vieillesse  peuvent faire la part entre une souffrance psychique et une maladie somatique débutante.
Les « consultations mémoire » proposées dans les centres hospitaliers sont une bonne piste à suggérer. Des examens (tests verbaux ou explorations biologiques) variables selon les cas, sont proposés en deux ou trois séances, sans hospitalisation. Les centres de consultation mémoire sont répertoriés sur le site Internet www.annuaire-med-alz.org.

Vous êtes particulier, professionnel de santé ou courtier ?

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En fait, tous ses vrais amis sont partis…

En France, on estime que 16 à 25 % des personnes âgées de plus de 70 ans se sentent isolées. Le décès des proches, l’éloignement géographique ou encore la perte d’autonomie  en sont les causes principales. Mais il arrive également que les amis s’en aillent, simplement, las des changements de comportement qu’entraîne la vieillesse. Avec l’âge, certains perdent leur ouverture au monde, leur sens de l’humour, de l’autocritique,  leur souplesse psychologique. Il leur devient alors difficile de s’adapter aux situations qui changent, de communiquer avec la jeune génération, voire avec les personnes de leur âge.
Pour faire partie de ceux qui restent proches d’une personne vieillissante, il faut une bonne  dose de compréhension et de maîtrise de ses propres affects.

À connaître:
Prendre soin d’un proche vieillissant
France dépression est une association agréée par le ministère de la Santé et soutenue par l’Inpes. Elle propose notamment une écoute téléphonique, du lundi au vendredi de 14 à 17 h, au 01 40 61 05 66 (prix d’un appel local).
Un livre très concret qui aborde les questions difficiles avec simplicité. Quand nos parents vieillissent, Prendre soin d’une parent âgé, Pascal Dreyer et Bernard Ennuyer, éditions Autrement, 2007, 20,30 €.

 


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